Y'a du brouillard ce matin
Charly est mort. Mon Charly a moi est né en avril 1963. il a roulé sa bosse un peu partout en france avec des punks a chien comme lui,
et puis il est mort, triste ironie du sort, en janvier 2015 sur le bitume glacé.
Mon Charly a moi il se souvenait plus de grand chose, de son nom, de sa fille de rue, de son chien qu'il cherchait partout depuis des années, du coccinelle du boulevard de l'hopital et du rosé ...
Mon Charly a moi avait pas de famille, pas d'amis, des assistantes sociales un peu partout dans paris, pas de chaussures, pas de papiers, pas de reperes et pas de frics du tout.
Il se reveillait le matin dans une chambre d'hopital, dans un centre d'hebergement ou dans la rue, et il se souvenait plus pourquoi il etait la, alors il revenait toujours la, au 30 boulevard de l'hopital ou il a passé sa derniére nuit.
On le reconnaissait de loin, sa tignasse grise hirsute, ses yeux bleus oceans qui se disaient merde, ses pieds nus, ses fringues crades et sa voix d'enfant. Charly, qu'est ce que tu fais la, t'es pas hebergé en ce moment? Ben je viens chercher mon chien, mais Charly t'as pas de chien.
Charly disait ca va super bien avec ce beau temps, quand il faisait -2 sous la pluie, il disait j'ai 49 ans, on est en 2008 et , qui etes vous, vous etes gentils.
J'ai porté a bout de bras Charly des heures durant pour faire 100 metres afin qu'il dorme dans un lit pour une fois, et je sais qu'au petit matin il va retourner chercher son chien au 30 boulevard de l'hopital.
Mon vieux, toutes tes assistantes sociales de partout dans paris, elle avaient toutes des sanglots dans les yeux pendant qu'on ecoutait ta derniére chansons, vivre libre ou mourir, dans ce petit salon miteux de l'insititu medico legal.
J'espere que tu l'as retrouvé ton chien, et nous tu sais, qu'il vente ou qu'il neige, quand on passera au 30 boulevard de l'hopital on se dirait toujours que ca va super bien avec ce beau temps
Daisy
Daisy
Samedi 31 janvier 2015 à 19:41
Jeudi 25 septembre 2014 à 22:08
Hier aprés-midi, je suis allé voir moussa au centre de retention de vincennes.
A la porte,i l y avait de hautes grilles et des keufs partout, alors on a donné nos pieces d'identité , et ce gars en uniforme qui se croyait dans un clip de hip-hop nous a accompagné jusqu'a la salle de visite ou on a du poser nos sac dans un coin et s'asseoir pour attendre. Moussa est arrivé, escorté par un autre type en uniforme, et le premier mec a mis le chrono. 30 minutes.
Moussa dit qu'il est né en 1969 mais c'est pas vrai. Il dit qu'il a deux enfants, une femme au ciel, et qu'il a rien fait de mal. Il a rien fait de mal Moussa, il a juste pas de papier , pas de maisons,et pas de thunes. Ca a duré 30 minutes. On a parlé des mecs de la gare, on a parlé de ses gosses sur cette ile avec leur grand mere, on a parlé de sa guitare sur laquelle il gratte au hasard, on lui a filé quelques fringues et ca a sonné. Fin de la visite. On verra dans 45 jours.
Vendredi 22 août 2014 à 21:36
C'est presque déjà l'hiver. Tout a l'heure au boulot, j'étais en train de fumer une clope devant le local et sakho qui était déjà complètement torché à 11h30 du matin m'a proposé un plan cul avant d'allé fumer du crack dans les sous sols de la Gare de Lyon. Ensuite christophe est passé. Ça m'a fait plaisir de voir christophe , lui qui dormait place nationale sur un carton avant de se lever à 5h du matin pour allé bosser pour l'etat, maintenant il a un lit et il picole même plus , et ça me fait sourire d'y être pour quelques chose. Il est content qu'on parte bientôt à la mer et il fera des gâteaux , depuis qu'il a arrêté de picoler il adore les gâteaux, ça se voit un peu et ça aussi ça me fait sourire .christophe rigole en parlant d'y a quelques mois quand il se souvenait jamais de nos entretiens et la il se souviendra bien qu'on part le 8 et qu'il a promis de cuisiner avec moi.
Mercredi 20 août 2014 à 21:51
Cédric a 32 ans, un piercing à l'arcade et une fille de 14 ans quelque part en Normandie. Elle s'appelle Jessica et elle est brune aux yeux bleu comme lui, les plus beaux yeux du monde presque , avec ces cils interminable dans lesquels se coincent les larmes. Cédric fait presque deux mètres . Il a une barbe sombre mais quand il parle il bafouille et il bégaye parce qu'il a peur de dire une connerie et qu'il a peur qu'on ne l'aime pas . Ça fait 4 ans que Cédric dort dans la rue, dans le métro, sous le kiosque dans quelques centres d'hébergement pourris et sur un lit d'hôpital . Cédric a 32 ans et si il prend pas son traitement tous les jours il peut mourir demain . Alors il avale ses anticoagulant avec une rasade de sa 12 eme maximator de la matinée et me dit merci de le regarder comme un homme . Cédric a fait de la mécanique , de la taule, une embolie pulmonaire et 2 arrêts cardiaque . Il peut boire 10litres sans broncher , et les gens ont peur de lui alors qu'il est un tout petit enfant dans un corps de vikings . Bientôt on partira à la mer et Cédric a dit merci de me ramener chez moi.
Dimanche 3 novembre 2013 à 18:28
J. dis que c'est un comble, parce que les riches sont radins. Il s'enerve et se met a hurler sur ces mecs en costard qui passent devant son bac et qui repondent qu'ils ont riant a son " un euro? Une cigarette?" Y'a que les pauvre qui donnent, qu' il dit, et les jolies filles, les "bombes atomiques comme il dit", alors ca aide pas à arreter.
J. Touche pas un sentime. Ni chomage, ca fait plus de six ans qu'il a pas travaillé, ni RSA, rien. Il n'a plus de papiers depuis deux années et ne posséde rien d'autre que les vetements qu'il porte sur lui et qu'il change selon ce que les association vont lui donner. Il vient d'avoir 36 ans, deux enfants quelques part, une maman, une soeur. J. fais la manche pour acheter de l'alcool, chaque jours de chaque semaine, pour acheter des biéres fortes, autant qu'il le pourra, tant qu'il aura des centimes, il ne s'arretera pas.
Il conait pas Paris, alors il s'est installé sur le boulevard qui longe la gare ou il est arrivé. Sur ce trés long boulevard, il y a beaucoup de passage, des gens qui, comme lui , fond la manche, assis par terre, en allant a la rencontre des gens, sans rien dire ou en insistant. Chacun sa methode et chacun pour sa pomme. Aprés, on partagera peut-etre la bouteille. J, lui, il partagera jamais sa biére. Il dit qu'elle est la femme de sa vie.
Lorsqu'il est seul, J, un gobelet à la main, interpele mollement les passant ou attend simplement que ca vienne.Quand un passant lui donne une piéce, ou parfois un billet, il n'en revient pas, et va au franprix d'en face. J. N'achete jamais à manger. Seulement ses biére, son medicament comme il dit, et ca fait 17 ans.
Les riches donnent rien, seulement les pauvre, et ce qui donnent le plus, c'est ceux qui n'ont rien du tout. Ils partagent , les potes de rue, parce qu'il savent que J. a besoin de son médicament. Il payent une biére ou partagent une bouteille, fument une cigarette à deux. J. n'en revient pas que ce soient eux qui partagent ; les clodos comme lui, les ouvriers, les etudiants, et ils partagent et ils ont pas peur de lui.
J sais bien qu'il n'aurait plus tant besoin de faire la manche ou de compter sur les autres si il touchait le RSA. Mais pour ca, faut refaire ses papiers, bouger de son coin de trottoire, de son coin de manche, ou quelqu'un pourrait venir en son absence lui donner une piéce, ou un pote pourrait le rejoindre.
Alors, pour l'instant, il n'est pas pret a se lever de son banc.
J. a 36 ans. Il dit qu'il est foutu mais qu'il voudrait voir ses gosses. Et quand je lui repond que la vie continue et que c'est à lui de la prendre en main, il me regarde tristement en me disant qu'il est sensible .
J. Touche pas un sentime. Ni chomage, ca fait plus de six ans qu'il a pas travaillé, ni RSA, rien. Il n'a plus de papiers depuis deux années et ne posséde rien d'autre que les vetements qu'il porte sur lui et qu'il change selon ce que les association vont lui donner. Il vient d'avoir 36 ans, deux enfants quelques part, une maman, une soeur. J. fais la manche pour acheter de l'alcool, chaque jours de chaque semaine, pour acheter des biéres fortes, autant qu'il le pourra, tant qu'il aura des centimes, il ne s'arretera pas.
Il conait pas Paris, alors il s'est installé sur le boulevard qui longe la gare ou il est arrivé. Sur ce trés long boulevard, il y a beaucoup de passage, des gens qui, comme lui , fond la manche, assis par terre, en allant a la rencontre des gens, sans rien dire ou en insistant. Chacun sa methode et chacun pour sa pomme. Aprés, on partagera peut-etre la bouteille. J, lui, il partagera jamais sa biére. Il dit qu'elle est la femme de sa vie.
Lorsqu'il est seul, J, un gobelet à la main, interpele mollement les passant ou attend simplement que ca vienne.Quand un passant lui donne une piéce, ou parfois un billet, il n'en revient pas, et va au franprix d'en face. J. N'achete jamais à manger. Seulement ses biére, son medicament comme il dit, et ca fait 17 ans.
Les riches donnent rien, seulement les pauvre, et ce qui donnent le plus, c'est ceux qui n'ont rien du tout. Ils partagent , les potes de rue, parce qu'il savent que J. a besoin de son médicament. Il payent une biére ou partagent une bouteille, fument une cigarette à deux. J. n'en revient pas que ce soient eux qui partagent ; les clodos comme lui, les ouvriers, les etudiants, et ils partagent et ils ont pas peur de lui.
J sais bien qu'il n'aurait plus tant besoin de faire la manche ou de compter sur les autres si il touchait le RSA. Mais pour ca, faut refaire ses papiers, bouger de son coin de trottoire, de son coin de manche, ou quelqu'un pourrait venir en son absence lui donner une piéce, ou un pote pourrait le rejoindre.
Alors, pour l'instant, il n'est pas pret a se lever de son banc.
J. a 36 ans. Il dit qu'il est foutu mais qu'il voudrait voir ses gosses. Et quand je lui repond que la vie continue et que c'est à lui de la prendre en main, il me regarde tristement en me disant qu'il est sensible .